Faut-il avoir peur du progrès...et du principe de précaution?

C'est le titre d'un supplément publié par les Echos jeudi dernier. Un excellent dossier abordant de nombreux thêmes tels que le principe de précaution. Voici une notion délicate. Car ici on crée un nouveau type de droit, non pas fondé sur des preuves mais sur le doute. On a un doute, donc on interdit ou on met en place un moratoire. A première vue cette notion paraît intéressante car elle remet en cause le mythe positiviste de la science infaillible. D'ailleurs, ce principe de précaution découle de la science de ces dernières années, plus modeste, intégrant même le hasard dans ses hypothèses avec par exemple la théorie du chaos.

Cependant, n'est-ce pas le triomphe d'une tendance technophobe, dénonçant non pas les dérapages de la technique, mais les avancées technologiques elles-mêmes? Car de Jacques Ellul à José Bové ils sont nombreux ceux qui imaginent la science et la technique comme échappant à notre contrôle. Mieux encore, la technique serait une sorte de créature monstrueuse échappant à notre contrôle tel un Frankenstein.

Attention donc, au blocage systématique de toute avancée scientifique au nom du principe de précaution. Bien entendu, la techno-science est à l'origine de catastrophes telles Tchernobyl. Mais elle est aussi derrière les progrès de la médecine. Les OGM peuvent peut être représenter un risque de dissémination. Mais du maïs génétiquement modifié pourrait peut être permettre de créer un médicament efficace contre la mucoviscidose.

Rien n'est simple donc. Et d'ailleurs, l'humanité n'a jamais renoncé dans son histoire à un progrès scientifique. La révolution génétique est en marche. Elle sera retardée peut être mais elle finira par s'imposer, comme les machines à vapeur lors de la révolution industrielle, malgré les critiques de l'époque qui en rappellent d'autres bien actuelles. Alors finalement, ne serait-il pas temps de penser à ce que deviendra l'homme quand la révolution génétique bouleversera nos vies?