La vieille lune de la relance par la demande

Voilà, le paquet fiscal est voté (ou presque). La France renoue avec sa vieille tentation: relancer la demande par divers mécanismes visant à augmenter le pouvoir d'achat. L'idéal est sympathique mais l'enfer est malheureusement pavé de bonnes intentions. Je suis d'ailleurs attérés par l'absence totales de critiques vis-à-vis de ce plan de la part du patronat et des économistes libéraux. Si Ségolène Royal avait engagé ne serait-ce que le 1/3 des 13 Milliards redistribués, ils lui seraient tombés dessus à bras raccourcis. Là, les experts, les "bullocrates" de tout poil se perdent en cris d'admiration pour l'audace du président. Rendez-vous dans 1 an car ce type de politique ne marche plus en économie ouverte. C'est ce qu'on apprend en Terminale ES...

1) Quand on augmente le pouvoir d'achat de 100 €, 70 € seulement sont dépensés, le reste est épargné. De plus, l'argent mis à disposition est dépensé en bien de consommation pour la plupart importés. Souvenez-vous de la relance de 1981. L'argent reversé était parti en magnétoscope et autres caméscopes made in Japan...

2) Cette stratégie économique risque donc de creuser encore un peu plus notre déficit extérieur

3) On entretient la préférence pour l'investissement immobilier grâce au coup de pouce sur les intérêts d'emprunt. On attise donc artificiellement un marché immobilier déjà en surchauffe au lieu d'orienter l'argent vers des investissements productifs.

4) L'argent distribué profitera essentiellement aux classes supérieures. Ce ne sont pas eux qui ont la plus forte propention marginale à consommer. Dommage, quand l'objectif est de justement relancer la consommation

5) On dépense de l'argent que l'on n'a pas en repoussant à 2012 (!) l'indispensable retour à l'équilibre des finances publiques. D'un autre côté ça fait bien trente ans que ça dure...

En gros, le choc fiscal risque fort de faire pschit et de ne pas relancer du tout la croissance. La note sera impossible à payer et nécessitera une cure d'austérité bien saunâtre sous peu.

Au lieu de faire dans le populisme fiscal, il vaudrait bien mieux clarifier et simplifier l'impôt pour réduire fortement la taxation du travail sous toutes ses formes. Supprimer les aides à l'emploi inutiles et dispendieuses (65 Milliards par an !!!), supprimer les niches fiscales (45 Milliards par an !!!) et mener une véritable politique de l'offre comme l'ont fait les Allemands au prix de réformes parfois douloureuses. C'est à ce prix que l'on retrouvera de la compétivité et de l'attractivité dans une économie irrémédiablement ouverte. Mais pour ça il faut avoir du courage...