De l'absence de stratégie économique

Face à la grogne des Français devant un pouvoir d'achat en berne, Nicolas a parlé. Il a convoqué la télévision et il a rassuré. Ou enfin tenté. Fidèle au travailler plus et gagner plus il propose de libéraliser encore les 35h. Mesure libérale. Puis, il s'empresse d'annoncer que les loyers seront indexés sur les prix. Mesure socialiste (si, si je vous jure). Avant de dire que de toutes façons, l'Etat n'a pas d'argent à distribuer. Ce qui montre d'ailleurs que le paquet fiscal n'a pas eu l'effet attendu. On s'en serait douté...

Comme d'habitude avec Nicolas, on ne sait pas à quelle droite il appartient : un peu de Bonapartisme, un soupçon de libéralisme, une dose de conservatisme. Avec à la fin, l'impression de naviguer à vue, sans aucune stratégie économique. Pourtant, ce pays a besoin de cohérence dans l'action pour repartir. L'empilement de mesurettes, exceptions, dégrèvements en tous genres font que le droit et la fiscalité sont devenus illisibles et décourageants pour le plus grand nombre. Alors que Nicolas aurait 2 grandes stratégies possibles :

• Le pari gaulliste ou national républicain : refus du traité européen, évolution des missions de la BCE, mise en place de grands pôles nationaux dans l'énergie (fusion EDF-GDF entre autres), réforme et développement de la participation dans les entreprises, mise en place d'une politique économique non coopérative (TVA Sociale...)
• La révolution libérale : libéralisation totale de la concurrence dans le commerce (fin des lois Galland et Royer), simplification du droit du travail (le contrat individuel employeur/employé devenant la norme), suppression de privilèges des professions réglementées (notaires, taxis...), baisse massive des dépenses publiques avec suppression du statut de la fonction publique

Le problème, c'est qu'il ne choisit pas, prenant un peu (un tout petit peu) des deux stratégies et accompagnant le tout d'un vaste plan de com érigeant l'agitation en ligne de conduite. On verra dans quelques temps le résultat mais il risque d'être décevant. Car contrairement à ce qui est dit, aucun grade choix de société n'aura été fait.

Comments

[Vincent]

J'aurais pu proposer d'autres issues : la révolution développement durable, la socialisation des moyens de production... Mais, j'ai pris les deux options qu'un homme tel que Sarkozy peut choisir.

L'effet du paquet fiscal sera à mon sens limité car :
- les mesures sont complexes, en particulier sur les heures supplémentaires
- elles ne concernent pas toute la population et pas forcément la frange ayant la plus forte propension marginale à consommer
- elles vont entraîner un dérapage des finances publiques avec à la clé un plan de rigueur risquant d'anihiler les effets de l'argent redistribué

Et non le libéralisme n'est pas ultra. Un projet libéral cohérent peut fonctionner. Mais il faut avoir le courage d'aller au bout de la logique. Idem pour le projet gaulliste. Il faut simplement être cohérent dans sa stratégie...

[Z]

C'est amusant cette constance à ne voir que deux issues : le gaullisme ou le libéralisme (et je vous remercie de ne pas avoir dit ultra-libéralisme).
Sarkozy est un jacobin : libéral économiquement, centralisateur étatiquement.
L'effet paquet fiscal ne peut se faire sentir pour le moment, les deuxièmes salaires bénéficiant de cette mesure viennent à peine d'être payés. Fin janvier, à la sortie des statistiques, un premier bilan pourra être fait.